Les migrants qui viennent à Izmir
viennent le plus souvent de camps de réfugiés en Turquie ou au
Liban. Ils arrivent par la gare ferroviaire depuis les provinces de
l'est et vont selon leur moyens dormir dans des hôtels ou dans le
Parc de la Culture qui borde la gare. Sur place ils trouvent
rapidement un passeur ; la police turque laisse faire sans
intervenir.
Gare principale d'Izmir |
A deux pas de là se sont installés
des boutiques de produit de camping, dont les vendeurs alpaguent les
passants sur la qualité de leurs gilets de sauvetage que l'on
retrouvera quelques jours plus tard sur les plages grecques. Certains
migrants se passeraient même totalement de passeur pour venir sur
les îles grecques en achetant eux même leur bateau pneumatique.
Toute cette agitation se concentre sur quelques rues, pour les
migrants, Izmir n'est qu'une étape vers Chios et Lesbos, comme
Bodrum est une étape vers Kos.
Les gilets de sauvetages sont le produit phare de cette boutique |
Depuis Izmir, les migrants vont à
Çeşme ou Ayvalik, toutes deux des stations balnéaires populaires
chez les vacanciers turcs, d’où ils partent vers les côtes
grecques. La distance à parcourir n'est que de dix à quinze
kilomètres, distance que le ferry entre Çeşme et Chios parcourt en
50 minutes. Les migrants, eux, mettront plus de trois heures pour
passer d'une rive à l'autre, ils partiront de nuit, ainsi que de
plages plus éloignées pour échapper aux garde côtes.
Cette courte navigation sur la mer
Égée, habituellement calme pendant l'été est moins dangereuse que
celle vers Lampedusa. Ce qui n’empêche pas que régulièrement des
embarcations surchargées chavirent, comme nous le rappelle
tragiquement la mort de Aylan, ce jeune Syrien dont la photo à fait
le tour du monde.
Une fois arrivés sur les plages de
Chios, ils trouent leur embarcation, avant d'aller se signaler à la
police. Ceux interceptés en mer sont amenés à la capitainerie et
également remis à la police. De là, ils sont envoyés vers le
centre pour réfugiés de Mersinidi où ils sont
triés pas nationalité. Les Syriens reçoivent une permis de
résidence provisoire de six mois en Grèce, qui leur permet de se
déplacer sur tout le territoire mais leur interdit de quitter le
pays. Ensuite, ils reviennent à la ville de Chios pour prendre un
bateau vers Athènes.
La situation sur les îles
qui ont reçu plusieurs fois leur population en nombre de migrants
est tendue. A Chios les « seulement» 30 000 migrants
depuis le début de l'année ont pu être évacué à un rythme
acceptable, et la situation dans la ville est calme. Les migrants
font tranquillement leurs achats dans la ville, bénéficient du
wi-fi dans les cafétérias et pour les plus fortunés vont dormir
dans les nombreuses chambres à louer. Dans le centre de réfugier
de Mersinidi, la situation est plus précaire, une équipe de
Médecins du Monde viens d'arriver pour améliorer les conditions
sanitaires, ils logent et ont amené leur matériel dans les logement
universitaires qui sont vide en été.
Campement de fortune dans le port de Chios |
Contrairement à Chios,
dans les îles de Kos ou Lesbos, la quantité de réfugiés est telle
que la situation est plus tendue, le nombre des réfugiés approche
celui des habitants. A Lesbos, des heurts ont eu lieu entre migrants
demandant à être amenés à Athènes et la police, tandis qu'à
Kos, des habitants excédés ont lancés des œufs et des tomates
tant au ministre de la défense qu'au commissaire européen à la
migration, le Grec Avramopoulos, qui était venu se rendre compte de
la situation.
Pour soulager les îles,
le gouvernement grec essaie de raccourcir le plus possible leur
passage, d’affréter des navires supplémentaires pour les évacuer
vers le continent, et de leur trouver une place sur les ferrys qui
rejoignent Athènes. En conséquence de quoi au 17 août, tout les
ferrys de Chios à Athènes étaient complets jusqu'au 27 août .
Plus généralement,
l'afflux de réfugiés sur des îles déjà surchargées pendant
l'été a perturbé les transports, tel ce village isolé resté sans
son seul taxi parce que le conducteur dormait après avoir ramené 30
migrant à la ville de Chios pendant la nuit. Mais tant bien que mal,
dans un délais de deux semaines, on peut estimer que la majorité
des migrants est passée de Chios à Athènes ou Thessalonique.
En arabe: "C'est ici qu'on achète les tickets"
"Cartes sim gratuites avec chaque voyage"
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Le passage en Grèce des
réfugiés syriens n'est qu'une étape, sans grand danger, vers
l'Europe. Même si le pays est dans la zone Schengen, le fait de ne
pas avoir de frontière terrestre avec le reste de la zone rend cette
appartenance très théorique pour les migrants. Une fois arrivés à
la frontière, les migrant s'empressent de brûler leur permis de
séjour provisoire en Grèce pour ne pas y être renvoyé, bien que
les dispositions de Dublin 2 qui prévoient que les réfugiés
doivent être traités dans leur premier pays d'arrivé ne soient
plus mis en pratique depuis le dernier afflux de migrants.
En Grèce l'actualité
politique est dominée par la crise politique, qui relègue l'afflux
de migrant au second plan. Le faite que les migrants ne fassent que
passer désamorce les réactions hostiles. Certaines personnes aident
les réfugiés, d'autres gagnent un peu d'argent grâce au business
qui s'est crée autour de ces migrants, mais la grande majorité de
la population se contente de les voir passer.
Après six ans de crise
et six mois de gouvernement de Syriza, les perspectives économiques
en Grèce ne sont pas bien meilleurs que celles en Turquie, et
l'immense majorité des migrants remontent ensuite les Balkans et
arrive en Europe. Le gouvernement grec organise même partiellement
cet exode en amenant les migrants directement à la frontière de
l'ARY Macédoine. De là, les migrants passent l'ex-Yougoslavie pour
arriver en Hongrie puis en Autriche et en Allemagne où ils arrivent
actuellement.
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