lundi 2 mars 2015

La Grèce à la dérive.

La Grèce à la dérive.

       Les étudiants de la faculté d'architecture d'Athènes ont eu ce vendredi la bonne surprise de découvrir avant leur examen d'histoire de l'art des restes calcinés de voiture, à la suite des premières émeutes urbaines depuis l’élection du nouveau gouvernement.

       Pour les activistes d’extrêmes gauche, la lune de miel avec le nouveau gouvernement n'aura donc pas duré plus de deux mois. Le parti
ΑΝΤΑΡΣΥΑ, groupuscule d’extrême gauche ayant occupé la place laissée vacante par la transformation de Syriza en parti de gouvernement avait organisé une manifestation contre la signature par la Grèce d'un nouveau mémorandum.
La police étant critiquée dans la rhétorique d’extrême gauche de Syriza comme une force du pouvoir, les policiers sont restés à bonne distance. Pourquoi iraient-ils risquer leur vie pour un ministre de l’intérieur qui veut leur retirer leur arme lorsqu'ils font face à des manifestations et dont le fils est en prison pour avoir braqué une banque ?

Voiture brûlée dans les premières meutes anti-austérité de l'époque Syriza


       Ces événements ne sont pas exceptionnels à Athènes, mais c'est un signal que l'état de grâce du nouveau gouvernement n'en a plus pour longtemps. Malgré les dénégations de Syriza pour qui le nouvel accord n'est pas la suite du mémorandum, la majorité des Grecs n'est pas aussi aveugle que pour ne pas se rendre compte que Varoufakis pas ramené des milliard depuis Bruxelles. Mais la côte de popularité du nouveau gouvernement reste à des nivaux stratosphériques, parce que les gens sont néanmoins satisfait que le gouvernement se soit bien battu avec les européens, et si pas on ne parle plus des lendemains qui chantent au moins il y a l'espoir que l'austérité s’adoucira.
       Hors, si Tsipras a promis de l'argent sans memorandum, en pratique il a obtenu un mémorandum sans argent,
plutôt le report de la fin du mémorandum, renommé Programme, mais pas sa disparition. La prochaine tranche de prêt que l'état devait recevoir ne sera accordé par les partenaires, nouveau nom de la Troika, que dans quatre mois, à condition que la Grèce implémente des mesures permettant de garantir sa solvabilité. Ces mesures, renégociées avec l’Europe ne seront pas les mêmes que celles que devait prendre le précédant gouvernement, mais elles ne pourront pas mettre en danger l'excédant primaire du pays.

       Parce que oui, après 5 ans d'austérité, la Grèce était arrivé à un excédant primaire, malheureusement en augmentant les impôts et en diminuant les prestations sociales plutôt qu'en diminuant les dépenses de fonctionnement de l'état, mais c'est une performance dont peu de pays de la zone Euro peuvent se targuer.
       Mais cet excédant primaire était bien fragile, et les conséquences de l'arrivée au pouvoir de Syriza vont le remettre en cause. 25 milliards d'euro sont sortie des banques grecques pour le seul mois de février1, tandis que les annonces de suppression d'impôts, d'amnistie fiscale et de ristourne de 50% sur les arriérés d’impôts2, ont vidé les caisses de l'état. Depuis l'annonce des élections les Grecs attendent de voir vers où va la situation, et préfèrent garder leur argent pour avoir un matelas en cas de pépin et une marge de manœuvre avec l'administration.

       En conséquence, les caisses de l'état se vident de mois en mois. Le précédant gouvernement avait laissé trois milliards dans les caisses, et la dernière tranche d'aide de 8 milliards devait apporter un matelas de liquidités à l'état grec. Mais avec le report à quatre mois de cette tranche d'aide, et le remboursement à venir de 1.4 milliard d'euro au FMI, la trésorerie du pays tombera a des niveaux inquiétant.
        Le gouvernement a déjà commencé à prendre des mesures à court terme pour préserver sa marge de manœuvre. Arrêt de payement aux fournisseurs, arrêt de payement des arriérés de soldes des militaires, et plus généralement toute les dépenses qui ne concernent pas les deux veaux d'or du gouvernement d’extrême gauche que sont le paiement des retraites et des salaires des fonctionnaires. Et l'embauche de 4000 fonctionnaires supplémentaires dans le premier mois de gouvernement ne risque pas d'améliorer les choses.
       Syriza espère qu'une manne providentielle leur permettra de passer des mesures sociales à l'avenir. Le nouveau gouvernement a fait de la lutte contre la fraude fiscale et la corruption son cheval de bataille, et espère trouver de l'argent par ce moyen pour financer tout ce qu'il promet. En attendant un hypothétique troisième plan d'aide ou on convaincra l’Europe de prêter encore plus pour faire de la relance keynésienne.

        Mais pour que cette dernière tranche de prêt, où qu'un nouveau plan d'aide voit le jour, il faudra que les mesures signées avec l’Europe soient votées.
       Pour des députés ayant débuté au parti communiste, voter un texte technique ne posera pas trop de problème, mais lorsqu'il faudra voter une par une les lois augmentant la TVA, ou diminuant les pré-retraites pour éviter de retomber en déficit, il sera dur de choisir entre la diatribe populiste et l'amour du pouvoir, quand la cote de popularité de gouvernement chutera parce qu'il n'aura pas réussi à tenir ses illusoires promesses.
       Peut-être Varoufakis croit-il qu'il peut tromper l’Europe en votant autre chose que ce qu'il signe. Sur l'augmentation de la TVA, il vient d'affirmer qu'il l'augmenterait sur des biens « sans importance »3. Mais comme maintenant les prêts ne viendrons que après les mesures, il sera difficile de duper des créanciers savent à quoi s'en tenir
       A mesure où les vainqueur des élections comprennent que le changement sémantique de Troïka en Partenaires ne fera pas long feu, commencent se font entendre à gauche des voix parlant de défaut sur toute la dette , au prix si il le faut d'une sortie de l'euro, qui permettra enfin d'avoir une politique nationales totalement indépendante de tout ces mémorandums.

       Un mois après les élections, après trois semaines de psychodrame, pas grand chose n'aura changé. Le système de prêt européen reste, avec un pays plus pauvre qu'avant, les vendeurs d'espoirs continuent à entretenir le rêve pour une grande partie des Grecs, et le gouvernement n'a ni le courage d'entreprendre les réformes qu'il proclamait, comme la taxation de l'église ou la réforme de l'armée, ni de faire un tournant socio-démocrate pour viabiliser l'état, ni de faire défaut et sortir de l'euro.
       Bien malin qui peut prévoir ce que fera la Grèce dans les quatre prochains mois jusqu'à la prochaine tranche d'aide, quand de toute évidence, Syriza ne semble n'avoir jamais eu une idée claire de ce qu'il ferait une fois au pouvoir.
1http://www.tribune.gr/economy/news/article/116956/jp-morgan-25-dis-evro-efigan-apo-tis-ellinikes-trapezes-2015.html
2http://www.kathimerini.gr/804157/article/oikonomia/ellhnikh-oikonomia/diagrafh-ews-50-twn-ofeilwn-sthn-eforia
3http://news.makedonias.gr/113209/varoufakis-den-tha-afxithi-o-fpa-se-nisia-paramethories-perioches-farmaka-trofima-ke-vivlia/

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire