mardi 7 juillet 2020

L'attente

Nous voilà donc confinés, à répéter jour après jour la même routine. Une fois arrivé à ce constat, et une fois qu'on a réalisé que la situation n'allait pas changer de sitôt, s'est posée la question de comment utiliser au mieux ce temps devenu brusquement si abondant.

Je ne peux pas rester 24h dans un endroit clôt, je devais au moins une fois par jour sortir de chez moi. Au début, il s'agissait d'aller dans les parcs la nuit quand il n'y avait personne, mais assez vite, une brèche dans le confinement a été découvert par moi comme par beaucoup de monde, le jogging.

Nous habitons à coté du parc du cinquantenaire, et déjà avant le confinement nous courrions autour environ une fois par semaine. Mais à partir du moment où il est devenu claire que le sport était une raison autorisée pour sortir de chez soi, ce fut la cohue. Je n'ai jamais vu autant de joggeurs de ma vie que en ces mois de confinement, depuis l'aube où je me réveillais pour aller manger mon petit déjeuner jusqu'à mon dernier regard vers le parc avant d'aller dormir. De cette expérience, on peut au moins conclure que le jogging ne transmet pas le covid, sinon tout Etterbeek aurait été affecté.

Nous avons acheté deux jeux de société, quelques livres. Heureusement que les services de livraison à domicile ne se sont jamais arrêtés. Les services de livraison de nourriture par contre ne nous ont pas convaincus, payer 30 euro pour quand même manger chez soi, autant aller chez Rob acheter des truffes, pour le même prix, le repas sera bien meilleur. Le budget restaurant à d'ailleurs été en partie compensé par l’augmentation des prix du supermarché en Belgique et une certaine montée en gamme.

Il faut dire que lorsque on reste enfermé chez soit 23h/24, un magasin comme un hyper-carrefour devient un temple de la consommation où aller rechercher un semblant de normalité. Une orgie de papier toilette pour faire oublier les pénuries, vins, étales de fruits et de légumes colorés, poissons, fromages, on se croirait dans un livre de Zola.

Capitalism, fuck yeah, du pq pour toute la terre
Capitalism fuck yeah, je peux prendre un bain dans du PQ


En parlant des vins justement, quelle gabegie, quelle alcoolisme. Non seulement nous sommes passé à 3 bouteilles par semaine, mais pas question de se contenter d'une bouteille bas de gamme, voir pire, d'un cubi, à la fin de confinement, le cachet de nos bouteilles avait atteint 10 euro pièce. Témoins l'évolution entre les deux supermarché que nous avons fait en Allemagne, le premier en avril nous a coûté 100 euro, le deuxième 200, dont 30 euro de fromage et 30 euro de vin. Nous avons fini avec les apérol-spritz, mais depuis la fin du confinement, nous buvons dehors et la demi-douzaine de bouteilles achetées en dernier attendent sagement dans leur tiroir.

En parlant d'addictions, une des soirée du confinement où il n'y avait personne, j'étais sorti me promener dans un Etterbeek déserté quand quelqu'un à place Jourdan m'a demandé pour une clope ... chose que j'ai trouvé une très bonne idée si j'en avait eu sur moi. Dés le lendemain, me voilà parti acheter un paquet pour passer le confinement ... 10 cigarettes en trois mois.

Au niveau des addiction comportementales, contrairement à d'autres, je n'ai pas été plus sur Netflix, je n'ai pas joué à plus de jeux vidéo, d'un instrument de musique ou je ne sais quoi. Je n'ai pas suivi non plus les conseils de développement personnel de mettre a profit ce confinement pour apprendre quelque chose d'utile. J'ai vécu pendant le confinement, jour après jour, et je pense que ce sera déjà assez au niveau du bilan.

Avant de finir ce chapitre sur la période la plus marquée du confinement (20 mars-15avril) je voudrais évoquer le silence qui s'était emparé de la ville et que l'on ne verra plus jamais. Une fois où j'avais du aller au travail le 7-8 avril, j'y était arrivé en 7 minutes en voiture parce qu'il n'y avait personne dehors. L'activité humaine s'était comme suspendue l'espace que quelques semaines. Rien que sortir seul la nuit semblait révolutionnaire.

Vers la fin du confinement le plus stricte, autour du 15 avril, j'avais marché jusqu'à Sainte-Catherine, et le centre ville avait un visage familier de mon voyage aux USA... c'était un centre ville américain. A savoir comme aux USA, tous les gens normaux restent hors du centre, et il n'y reste que les SDF, les drogués et les jeunes en manque d'activité, les vibes étaient exactement les mêmes que autour du centre de Salt-Lake City.

Je vous laisserai donc sur the sound of silence, et le bruit des oiseau qui l'on fait semblant de remarquer ...