Il y a des mois qui passent comme des semaines. Avec le coronavirus, l’absence de nombreuses activités avait semblé accélérer le temps, et avant qu’on ait pu s’en apercevoir, la fin de cette année 2020 qui nous avait tellement chamboulé commençait à poindre, tandis que approchions des fêtes de la Toussaint. J’avais pris un long week-end de vacance un peu en avance, quand la pandémie s’apprêtait, par un de ses tour qui lui sont familiers, à nous offrir cette fois une semaine qui paraîtrait durer un mois.
Samedi 24/10
Réveil au milieu des vignes en ce dernier jour de vacance.
Nous nous levons dans le charmant village de Nuit-Saint-Georges, qui avec ses
voisins de Vosne-Romanée compte parmi les appellations les plus prestigieuses
du monde (par exemple le Romané-Conti). La vigne prend avec l’automne une
couleur dorée qui colore le coteau, donnant par la même occasion au département
le nom poétique de Côte-d’Or. Mais malheureusement, ce matin, notre esprit à
d’autres préoccupations qu’une balade à travers les grand-crus. La veille, la
Belgique a annoncé le retour du confinement, la fermeture des bar et
restaurants dans tout le pays ainsi que le couvre-feu.
La Côte d'Or, une image qui explique ce nom mieux que les mots. |
Nous n’avons plus aucune raison de rester dans le pays, à
regarder nos quatre murs après une journée de télétravail. Nous avons acheté
des billets pour Chios et nous devons aller à Zaventem faire un test Covid pour
pouvoir partir. Pas le temps d’aller manger un dernier pain d’épice, un brunch à une des bonnes tables de Dijon, nous devons rentrer à Bruxelles.
Arrivée à Zaventem à 18h … pour tomber nez-à-nez avec une
énorme file devant le centre de test. Le soleil tombe et les vents froids
balayent les pauvres âmes qui attendent dehors. Mon portable n’a plus de
batterie, on espère que celui de ma copine tiendra jusqu’au test. Une personne
rentre … puis une autre … rien. Rien, ça fait bien 5 minutes qui rien n’a
bougé. Encore une personne. Un groupe de Marocains se rassemble à côté de
l’entrée des tests, je ne comprends pas trop ce qu’ils veulent. Une autre
personne entre, une rafale de vent nous fait nous recroqueviller.
Après une heure d’attente, c’est enfin notre tour d’aller au
premier check. On nous annonce que en raison des retards, le test normal à 63
euro mettra 48 heures, alors que notre vol part dans 40 heures …mais que le
test à 135 euro par personne sera surement à l’heure. Que faire, nous n’avons
pas vraiment le choix. Nous payons pour le test rapide. En attendant dans la
file, nous arrivons vers la hauteur des Marocains qui prennent tout le monde à
parti : « n’y allez pas, c’est des voleurs, vous aurez jamais les
tests ». Ambiance, mais qu’est-ce qu’on peut faire ? On pas vraiment
le choix, et puis avec le test rapide ça devrait le faire.
On finit par faire le test, repartir à la maison après 3
heures (ticket de parking faisant foi) en évitant un couvre-feu inexistant, vu
qu’il avait été instauré en Wallonie mais que avec la communication légendaire
du gouvernement on croyait que c’était déjà pour Bruxelles.
Dimanche 25/10
Journée chargée, nous devons vider les valises et les
remplir à nouveau, voir quelques personnes pour rendre des objets. Il faut
jeter les aliments du frigo qui ne tiendrons pas un mois, préparer les objets à
ramener en Grèce et faire la déclaration pour le Covid à remplir pour la Grèce
heures à l’avance. On attend juste les résultats du test dans l’après-midi.
Les heures passent, 18h, 19h, 20h, on téléphone au centre,
ils nous disent qu’il y a du retard et qu’on n’est pas sur qu’on aura les
résultat avant demain . Quoi faire ? Faire les valises et y aller, rester
à la maison ? On décide de quand même faire les valises et espérer pour le
lendemain. Avant de dormir, on reçois un message, mais c’est le message
d’acceptation en Grèce pour le vol Bruxelles-Athènes et pas le test, faux
espoir.
Lundi 26/11
Réveil à cause du stress à 7h du matin, aucun message. On a
pris congé, on va quand même aller à l’aéroport et espérer un miracle. On
amène la voiture dans le garage de ma mère, qui nous conduira à Zaventem. A
Zaventem on va au centre des test, où on retrouve cette fois sur le coté …
d’autres Grecs qui ont le même problème.
Les responsables du centre disent qu’ils vont communiquer
avec le laboratoire, ils prennent des numero de test, des gsms. Il ne semble pas
y avoir beaucoup d’avancement dans les tests. On attend, il est 9h, 10h, plus
qu’une demi-heure avant la fermeture des portes. Des Marocains nous ont
rejoint, qui en plus on généralement des histoires plus triste que les notre.
Souvent un décès dans la famille, ou un proche mourant, avec les enterrements
qui dans la tradition musulmane qui ont lieu peu après le décès. On sent une
vrai solidarité entre les cultures pour foutre le dawa autant que possible dans
le centre de test. On gueule, les insultes en arabe entre ceux qui travaillent
pour le centre et ceux qui attendent un test fusent. Les Grecs disent qu’ils
vont appeler leur avocat. On envahi tous le centre, les jobistes flamands
courent partout, c’est un beau bordel.
Avec tout ça, il faut bien se rendre à l’évidence, il est
l’heure de fermer les portes et toujours pas de test. On va à l’aéroport pour
changer les billets, quand miracle, le test de ma copine arrive 25 minutes
avant l’embarquement. Vite au terminal, qui est fermé, mais vite au niveau du
central des check-in. Elle aurait le temps d’y arriver, sans valises, mais dans
7 heures elle serait à Chios.
Les responsables ne veulent rien entendre. On a pris l’habitude
de gueuler mais on ne peut pas faire grand-chose, surtout que après 10 minutes
à se disputer il ne reste plus que un quart d’heure avant le vol. On abandonne
et appelle donc ma mère pour venir nous chercher. Quoi faire ? Il n’y a
pas de vol pour demain, juste un vol depuis Charleroi pour Thessalonique dans 4
heures et un vol mercredi, mais le test ne sera alors plus valide. On dit à ma mère
de nous ramener à la voiture, et nous allons tout de même aller à Charleroi
pour que au moins ma copine aille en Grèce.
Le problème est que il faut avant d’aller en Grèce déclarer
son entré. Nous avons déclaré Bruxelles Athènes, pas Charleroi Thessalonique.
On essaiera de voir si on peut rentrer dans l’avion à Charleroi. Sur le chemin
de Charleroi, mon test, négatif également arrivé. On va jouer le tout pour le
tout pour quitter la Belgique avant le confinement.
A l’accueil 2 heures avant le vol. On donne le test mais il
n’est pas possible de donner la déclaration qui nous est arrivé la veille avec
les mauvaises villes ! On leur montre un mail de confirmation antérieur
qui prouve que nous avons fait la démarche et qui indique qu'avec ce mail nous
pouvons rentrer. Discussion dans le check-in Ryanair … nous gardons notre poker
face en faisant l’impression de ne pas comprendre le problème.
- - Dit Kimberly, cé normal qu’y ai que le mail.
- - Che pas Djason, normamment il faut.
- - Ouai, mais y a ecri qu’on peut les laisser.
- - T sur ?
- - Ben oui, regarde la
- - T’ peut-être raison j’croi que on a eu le cas et
on avait laissé
- Bon, ça va laisser passer. Vous pouvez venir
prendre vos billets avec la preuve comme quoi les formalités sont bien
remplies.
Cette preuve, c’était un bout de papier grand comme un demi
post-it et gribouillé d’un message incompréhensible, mais pour nous, il nous
semblait plus précieux que si il avait été écrit en lettres d’or. Nous pouvions
enfin quitter la Belgique.
Arrivé en Grèce, nous aurions pu embrasser la terre
tellement nous étions content d’être enfin arrivés. Nous avons dû montrer ce
document, mais le policier ne voulait que savoir si nous étions dans le groupe
qui passait les test ou pas et n’a jamais pensé regarder de quelle ville nous
avions déclaré venir. Enfin, après cette très longue journée, nous pouvons
prendre un taxi jusque chez le cousin de ma copine pour nous reposer. C’est la
Saint-Dimitri, les rues de la villes sont bondées. Après avoir raconté l’histoire
au taximan, il nous dit que pour sa fête, le Saint nous voulait dans sa ville
et non pas à Athènes.
Mardi 27/11
Réveil à Thessalonique. Il est 9h30 mais heureusement à
Bruxelles il n’est que 8h30 ce qui nous laisse le temps d’aller acheter un café
dehors. Pour notre horloge interne, il est aussi 9h30 vu que le changement
d’heure à eu lieu dimanche, et que nous n’avons vécu que un jour et demi en
GMT+1. Il est temps de commencer le télétravail avec la Belgique. Habituez vous
à cette double heure, parce que cette heure de décalage avec la Belgique est un
fait qui ne nous quittera plus pour tout notre séjour en Grèce. Lorsque on
travail, on est à l’heure Belge, sinon on ne s’en sortira jamais pour se
coordonner avec le bureau.
Cette heure de difference est fondementale en cas de télétravail sur differants fuseaux horaires. |
Lors de la discussion Skype avec mon collègue, je dis que je
suis resté au Luxembourg. Pas besoin de s’exposer aux ragots de bureau. La
journée à été étonnement productive vu les circonstances. Après avoir fini la
journée de travail tôt (mais tout de même tard ici avec le décalage), nous
pouvons aller faire les magasins de Thessalonique. Il y a du monde partout et
les bar sont bondé. Venant de Belgique où tout à commencé à fermer depuis 3
semaines, c’est à la fois agréable et inquiétant.
On fini tranquillement la soirée et en rentre à
l’appartement refermer les valises et se préparer à repartir : on a
réservé un vol pour le lendemain vers Chios. Depuis lundi dernier où nous
avions quitté Bruxelles pour Luxembourg, nous sommes toujours dans le
provisoire et ça commence à peser sur le moral.
Mercredi 28/11
Journée de travail normale, nous avons préparé les valises
pour partir juste à la fin de la journée. Le vol est à 7h30, mais le temps
d’arriver sur place, avec le décalage horaire, on risque d’être juste.
Depuis deux jours, on profite de l’incroyable offre de
restaurant de la ville. Thessalonique est clairement la capitale gastronomique
de la Grèce, la quantité de restaurant y est incroyable et les prix sont très
bas. Nous profitons de notre passage pour commander à une cantine qui vend des
plats « maison ». Le riz aux épinards avec son pain et la feta, les legumes farcis, l’agneau aux patates et aux légumes, le moussaka maison (du plus léger au plus
nourrissant), il y en a pour tous les goûts. Si on avait une cantine de ce genre
avec ces prix en Belgique, je ne sais pas si je cuisinerais encore beaucoup.
Pourquoi perdre son temps à faire à manger si on peut avoir là même chose à sa porte. |
La journée tire vers sa fin, pour son travail ma copine fait
une présentation. Le taxi arrive, il attend, je rentre les valises dans la
voiture, et à la seconde ou elle finit la présentation, tout est embarqué pour
l’aéroport. On va enfin partir pour Chios. L’avion, un petit bimoteur à hélice
décolle et nous quittons Thessalonique après cet agréable séjour.
Dans l’avion, on s’assoupit après cette journée. Je fais un
jeu sur mon portable, puis un autre, puis un autre. Le vol n’est pas très long,
il dure 50 minutes. D’ailleurs, est-ce qu’on ne devrait pas être déjà arrivé
non ? Je ne sais pas exactement quand on est parti mais ça fait long.
-
TUUT c’est le commandant de bord qui vous parle.
En raison des circonstances météorologiques, nous ne pouvons pas passer un vrai
mur de nuage entre notre position au-dessus de Skiathos et Chios. Nous allons
devoir retourner à Thessalonique et nous aviserons avec la société quoi faire.
Non, ce n’est pas une blague, encore une fois le vol pour
Chios est impossible. Quelqu’un à dû nous donner le mauvais œil, c’est pas
possible. L’avion rentre a Thessalonique, on reprend les bagages dans l’avion,
on prévient les gens à Chios qu’ils peuvent quitter l’aéroport parce qu’on ne viendra
pas non plus aujourd’hui.
Nous sommes embarqué dans un bus pour un hôtel. Lorsque on
arrive le personnel n’a pas vraiment une bonne idée de ce qu’on fait là, mais
après peu de temps, on nous donne un repas au restaurant et nous pouvons
rentrer dans notre chambre pour défaire nos valises; encore une fois.
Jeudi 27/10
6 heure du matin heure grecque. L’alarme générale retentit
dans l’hôtel pour inciter tout le monde à se lever pour aller prendre son petit
déjeuner et se diriger vers le bus. Le tout donne un peu une impression de
voyage scolaire, mais où on aurait vraiment envie de de rentrer à la maison
voir ses parents. A l’aéroport, tout ce passe bien mais notre vol n’est indiqué
nulle part. En effet, ce n’est pas un vol commercial, et le personnel de la
compagnie nous donne les instructions pour aller jusqu’à l’appareil. Cette fois
le vol ne dure pas une minute de plus, même si vu l’heure matinale on aurait souhaité
que notre sommeil à son bord se prolonge quelque peu.
Mon jet privé pour Chios |
Nous voilà à Chios à 9h05, heure grecque, ce qui fait 8h05
en Belgique et nous donne encore une heure pour commencer la journée de travail
alors que personnellement j’avais déjà l’impression d’être à la moitié. Un café
double dose et en avant.
Après le repas du midi, qui arrive à une 13h belge et 14h grecque, la journée semble inteeeerminable. On est réveillé depuis déjà 8 heures et on a encore pour 4-5 heures de travail. Je vais confesser au contribuable belge qui lit ce message que j’ai fait une sieste d’une bonne heure avant de finir piteusement ma journée.
Enfin, après cette journée de télétravail interminable, je ferme l'ordinateur, je range les cables et je monte vers mon appartement. Je vais enfin pouvoir dormir dans un lit
que je ne devrait pas quitter avant au moins un mois et demi.
Voilà, c’est ainsi que nous sommes finalement arrivé à
Chios.
28/10
Réveil à Chios. Les températures sont encore très agréables
pour cette période de l’année. Mon manteau belge est entré dans un placard et
je peux sortir mon T-shirt et mes lunettes de soleil de leur valise. Direction
la boulangerie pour acheter un koulouri, un pain rond qui ressemble a un bagel
en plus large et plus sec, fourré au fromage Philadelphia et à la dinde ainsi
qu'un café glacé. Mon séjour sur l’île commence sous les meilleurs conditions.
Je travail le matin en m’étant bien reposé. Et à 13h belge 14h locale, il est l’heure de manger le repas de la grand-mère, le riz aux crevette pêchée autour de l’île. Nous nous asseyons, et je mange goulument mon plat en premier. Alors que tout le monde s’est assis et commence à manger, un petit tremblement.
Un plus gros tremblement UN ENORME TREMBLEMENT QUI SECOUE
TOUT. ON SE JETE SOUS LA TABLE, MAIS LA MAISON CONTINUE A TREMBLER PENDANT DE
TRES TRES LONGUES SECONDES. BRRRRRRRRRRR LES MEUBLES FONT BRRRRRRRRRRRRR.
Après une looongue minute, le sol cesse de trembler et nous sortons sur la terrasse. Ce n’est pas un petit tremblement de terre, on essaye de voir sur les sites spécialisé ce qu’on en dit, mais évidemment il est encore trop tôt. Les ondes sismiques se propagent jusqu’à Athènes et dans tout l’Ouest de la Turquie. On ne le sait pas encore, mais un séisme de 6.7 sur l’échelle de Richter vient de frapper Samos. Le séisme n’était que à 10 km de la surface et il été ressenti dans tout la zone. C’est le plus gros séisme dans la région depuis des dizaines d’années. Sur l’île personne n’est blessé, mais malheureusement, deux adolescent meurt écrasée par un immeuble abandonné sur Samos et Smyrne est durement touchée également.
On reste dehors un moment par peur des répliques, mais la
maison est solide et soleil aidant, on va télétravailler depuis le jardin. A
l’étage, les armoires se sont ouvertes et tout ce qui était sur les tables est
renversé. Je retourne travailler, je ne peux même pas me plaindre aux collègues
vu qu’ils me croient à 3000 km de là. Imaginer si c’était arrivé deux heure
plus tôt en plein meeting : « Ça va ? Pourquoi tu secoues
ton PC, et pourquoi tu es allé sous la table. C’est quoi ce bruit qui vient de
chez toi, tu as mal mis ton micro ? » Après, vu la qualité d’image de
la webcam ce serait peut-être passé inaperçu, qui sait.
Sur Chios, on a pas d'images spectaculaires à vous montrer, quelques murets éffondré tout au plus. |
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