mardi 1 mai 2018

Mes trajets: 2 - Athènes et le bus 608


Avec la première partie, j'ai un peu plombé l’ambiance, pour réchauffer l’atmosphère, partons à Athènes, sous un soleil qui même en hivers réchauffe les os et les âmes. 
 
Il y a des lignes bus à Athènes qui sont tellement anciennes et tellement utilisées qu’elles dépassent leur statut de ligne, pour devenir des mythes. Jusqu’aux jeux olympiques de 2004, il n’y avait qu’une seule ligne de métro à Athènes, ce qui a rendu l’usage de l’armada de bus de la ville une obligation pour qui n’a pas de voiture. Depuis, certaines lignes emblématiques sont devenue plus confidentielles, mais d’autres restent bien vivantes, dans celles-là, il y a deux lignes que je retiens de mon séjour.
La première est la ligne 040, qui depuis des temps immémoriaux va d’Athènes au Pirée. Cette ligne passe par la rue du Pirée qui depuis 2500 ans relie la ville à son port. A l’époque classique, un double mur longeais cette route pour garantir la protection commune de la ville et du port. De nos jours, cette ligne est surtout connue pour être la seul ligne qui roule 24/24h dans la ville. Qu’il soit deux heures de l’après-midi ou de la nuit, cette ligne reliera les deux villes, avec une ambiance digne des meilleurs noctis lorsque l’alcool coule a flot et qu’il n’est pas encore trop tard.

Reconstitution des "longs murs" d'Athènes, construits par Périclès
pour protéger les Athéniens souls qui rentraient au Pirée par la charrette 040
après les banquets bien connus de Socrates.

Mais comme exposé dans le premier article, un bus de nuit déjanté, j’ai dû le prendre deux ou trois fois, alors que le 620, lui, a été mon compagnon quotidien pour tous les jours où j’ai été à mes cours de grec. (théoriquement 5 jours par semaine, mais ni pas le lundi ni le vendredi, ni entre les deux si il ne fait pas assez beau pour sortir ou si il fait trop beau aller en cours). Le bus 608 part des « montagnes aux turcs », traverse la moitié de la ville, passe par une station de métro et remonte jusqu’aux contreforts de l’Hymelette où se trouve l’université d’Athènes.

L’université moderne a été construite dans les année 70 en hauteur, sur un site qui pour cette raison n’avais pas encore été urbanisé. Comme il n’est pas possible de faire monter au métro les 300 mètres de dénivelé nécessaires pour desservir l’université, le métro reste dans la vallée. Cette situation a pour résultat que presque l’ensemble des étudiants de l’université doit chaque jour prendre le bus pour monter à l’université depuis la station de métro la plus proche. Heureusement, il y a beaucoup de bus, mais comme il y a encore plus de monde, et que personne ne veut arriver en retard, une demi-heure avant le début des cours, une marée humaine afflue vers les abribus, remplissant les bus qui arrivent l’un après l’autre au maximum qu’il est physiquement possible de la faire. 

Image du bus 620 un jour de faible affluence.

Avant de fermer les portes, le chauffeur lance une balle de golf dans le fond du bus,
si la balle ne touche pas le sol, il démarre, sinon il fait rentrer plus de gens.

Une fois le bus rempli, il commence sa remonté. Mais n’oubliez pas, l’université est 300 mètres plus haut, donc le bus est penché vers l’arrière à 20% et il transporte quelques tonnes de corps humains. Le bus doit rouler en 2ème vitesse, il monte tellement lentement qu'on jurerait il n'arrivera jamais. Le trajet est interminable, à un point que la compagnie de bus ne s'est même plus donné la peine de nommer les arrêts de bus, ils s’appellent 4eme arrêt Zografou (ζωγραφου) du nom de la commune 5ème arrêt Zografou, 6ème arrêt Zografou, et ainsi jusqu’au 11ème et dernier arrêt Zografou, où le bus arrive à un rond-point où nos souffrances prennent fin. Lorsque après une demi-heure de calvaire on peut enfin sortir, certain se demandent si après le purgatoire, on est enfin arrivé au paradis. Impression renforcée par le fait que le cimetière et l’université sont côte à côte, comme à Bruxelles. Mais non jeune étudiant, c’est juste le début d’une journée dans l’université d’Athènes.

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